Jour 6 (matin) : Nouvelle destination : Pouilly-sur-Loire

 Nous allons déjeuner à Nevers. Une fois de plus, il a fallu que nous partions à l'aurore.

Blason de Nevers

Pendant le voyage, ma femme Yolande s'ennuie, elle me demande donc ce qu'on dit sur le blason de Nevers. Comme nous n'avons pas grand chose à faire, je me fais une joie de lui répondre « D'azur semé de billettes d'or, au lion d'or, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout. »  Comme elle me regarde avec un air hébétée, je lui explique sa signification : le fond azur veut assurément dire « bleu-roi ». Les Billettes sont l'emblème de la franchise, parce qu'il n'y a que les gens libres qui peuvent en porter. Landry de Nevers n'était pas un vassal (la vassalité est la situation de dépendance d’un homme libre envers son seigneur par la cérémonie de l’hommage) ce qui explique les Billettes d'or. Pour preuve, il s'empara des terres du Duc de Bourgogne et voulu le titre, et il dû guerroyer contre le roi pendant deux ans! Il obtint néanmoins la grâce du roi après son échec. Quant au "roi des animaux", il exprime la force, la bravoure, la noblesse (il avait prouvé tout ceci en se battant pour le titre de Duc), lampassé signifie une langue colorée, armé signifie ici que la bête du blason montre ses griffes dans une attitude d'attaque. "Brochant sur le tout" veut dire que le lion est placé sur l'avant, couvrant le fond.

 Nous sommes arrivés! Nos ventres criant famine, nous nous dirigeons de ce pas à l'auberge la plus proche.
Maintenant, le voyage reprend jusqu'à Pouilly-sur-Loire.

Blason de Pouilly-sur-Loire

Le trajet étant long, j'explique à mon fils Frameric que c'est là-bas même que sont apparues les premières vignes de la Loire! Il est tout émoustillé à cette idée! Il repart tout joyeux, un sourire traversant son visage d'une joue jusqu'à l'autre. Puis Yolande, poussant de longs soupirs, je lui dis encore une fois ce qu'on dit du blason de cette ville, « D'azur aux trois bourses d'or accompagnées en chef d'une fleur de lys du même. » Je ne me retourne pas, je sais qu'elle n'a pas compris ce que je viens de dire, j'enchaîne donc directement avec mes explications : l'azur veut dire exactement la même chose que pour le blason précédant. Les bourses signifient la charité et la bienveillance et le lys est "la fleur des rois", symbole de la royauté   française. "Accompagnées en chef" place uniquement la fleur de lys en haut du blason, en haut des bourses. "D'une fleur de lys du même" colorie simplement la fleur des rois de la même couleur que les bourses.

À présent, nous foulons le sol de Pouilly-sur-Loire. L'après-midi est passé plus rapidement que ce que je pensais. Cette ville possède (de nos jours) une enceinte rectangulaire, là où s'est développé le bourg. Cette ville est protégée au nord-est et au sud-est par des tourelles et est défendue par le château seigneurial.
Les rues de cette ville sont octogonales, dont le clos des Chaumiennes. Le clos indique une propriété vigneronne entourée de murs, c'est dans ce clos que poussèrent les premières vignes! Chaque propriétaire dispose de plusieurs parcelles où il cultive ses vignes.
 C'est avec une grande joie que mon fils découvre ce point capital dans le commencement des vignes. Mais nous ne devons pas nous attarder, nous voulons dîner et nous coucher assez rapidement.
Demain, cela fera une semaine qu'aura commencé notre périple. J'aurais peut-être perdu le compte des jours, mais Yolande ne cesse de me le rappeler. Ce doit être sa manière de passer le temps.

Jour 5 (après-midi) : À nous Saint-Pierre-le-Moûtier!

Blason Saint-Pierre-le-Moûtier

Pendant le voyage, je raconte à ma femme que ce qu'on dit sur cette ville est « de gueules, à l'église d'argent et à la clef double de même posée en face en pointe, au chef cousu d'azur, chargé de trois fleurs de lys d'or. » Je lui explique que les fleurs de lys symbolisent son appartenance au royaume de France, et la clé la souveraineté reconnue du pape sur ces terres. Puis, je lui dis qu'il y a apparemment une abbaye, là-bas aussi.

Arrivés à Saint-Pierre-le-Moûtier, nous demandons notre chemin pour une bonne auberge à une Saint-Pierroise. Elle nous l'indique en précisant que nous passerions devant un église.

Église Saint-Pierre-le-Moûtier

Chapiteau

 Par curiosité, nous nous arrêtons devant et l'admirons. Les mercenaires n'y font guère attention, mais ma famille la trouve de toute beauté.

 Mais très vite la fatigue et la faim ont raison de  nous, nous obligeant à manger rapidement à  l'auberge pour clore cette journée.

Jour 5 (matin) : Vers Moulins !

Nous nous sommes levés plus tôt que ce qui était convenu, pour arriver plus loin aujourd'hui même.
Nous déjeunerons à Moulins.

Abbaye de Cluny

Pendant notre voyage, je me souviens d'un compagnon qui m'avait raconté ce qu'il avait vu à Cluny.

Blason abbaye Cluny

Il avait pu admirer une abbaye qui avait bientôt achevée sa construction qui selon lui est promise à une grande renommée de par sa beauté. Il me dit quel était son blason : « de gueules, à deux clefs d'or en sautoir, traversées d'une épée en pal, à lame d'argent, la poignée d'or en pointe. » La clef et l'épée font référence respectivement à saint Pierre et saint Paul, auxquels l'abbaye est consacrée. Les clefs en sautoir sont une faveur papale.

J'envisage pour le retour d'y passer, pour voir cette abbaye si merveilleuse.

Nous sommes arrivés à Moulins. Incroyable se que le temps a pu passer plus rapidement en pensant à Cluny et son abbaye!

Blason de Moulins

On m'a relaté la légende de la fondation cette ville qui est pour le moins étrange à mon goût : la tradition populaire raconte en effet qu’un sire de Bourbon, perdu après une journée de chasse, aurait trouvé refuge dans un moulin sur les bords de l’Allier. Tombé amoureux de la meunière qui l’avait recueilli, pour justifier ses fréquentes venues, il fit bâtir à l’emplacement actuel du palais ducal un relais de chasse. Une ville se développa autour : c'est Moulins!

Son blason est : « D'argent à trois croix ancrées de sable ouvertes du champ en losange; au chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or. »

Nous ne déjeunons pas dans une auberge, aujourd'hui. Nous mangeons dehors.

Jour 4 : Destination : Varennes-sur-Allier!

Nous allons déjeuner à Saint-Pierre-Laval. Cette ville située au confins du Forez et du Bourbonnais est une étape importante de notre voyage car elle marque la frontière entre langues d’oïl et d'oc.

Nous empruntons à présent l'une des routes les plus importantes du royaume! Et nous voici repartis!

Chapelle Notre-Dame de la Ronde

Nous voici maintenant marchant vers Varennes-sur-Allier. Cette ville close est entourée par des murailles que nous franchissons. Arrivés sur place, nous voyons la chapelle dédiée à Notre-Dame de la Ronde. Je vais de ce pas y faire mes prières.

À la fin des mes dévotions, et comme la faim nous assaillie, nous nous précipitons à l'auberge la plus proche, pour y prendre un repas bien mérité et nous couchons de suite après.

Jour 3 (après-midi) : Le passage à Tarare

Ville de Tarare (vallée)

Nous partîmes au point de l'aube (aube) et ne nous sommes pas arrêté, nous avons mangés tout en continuant le voyage. Maintenant, nous traversons la vallée de Tarare. Ici, les viticulteur  font des Beaujolais (vin) que j'ai déjà gouté mais que je ne vends pas. Nous observons les reflets magique de la rivière, silencieuse et mystérieuse. J'aurais aimé y rester ne serais-ce qu'un peu, mais la foire ne nous attendra pas...une autre fois peut-être!

Nous voici donc reparti!

Nous sommes exténués, mais enfin arrivés à Roanne! Les marchands étaient sympathiques et connaisseurs. Nous étions vers le début du convoi et avons pu admiré les différents paysages qui s'offraient à nous.
Nous allons profiter de cette halte pour changer de bête...elles ne pourront pas assurer le voyage de demain et elles nous ont déjà beaucoup données, il faut les remplacer.

Jour 2 (dîner) : Dîner à Ecully

Un banquet à l'auberge

Nous mangeons une soupe de légumes avec du rôt (rôti) de lièvre grillé avec sauce camelin (mélange de cannelle et de gingembre).

En dessert, des raisins tardifs nous sont servis.

Jour 2 (après-midi) : Vers Tassin-la-Demi-Lune

Récolte de foin

Pendant le trajet, je me souvins que cet homme était un saisonnier (un saisonnier est un travailleur dont la durée de travail est restreinte à une saison de l'année) et voulu savoir s'il aidait principalement pour les récoltes ou pour les vendanges, et il me répondit qu'il faisait une récolte de foin. C'est ainsi que la conversation se lança et que le voyage passa plus rapidement, car nous aimions parler du travail que nous faisions. Arrivés à destinations, nous nous sommes séparés amicalement. Et maintenant, en route pour Ecully!

Nous ne mîmes pas beaucoup de temps pour arriver à Ecully : ce n'était pas très loin de Tassin-la-Demi-Lune! Ce fut une bonne journée.

Avant de dîner, un homme marchand me dit qu'il y avait demain un convoi pour Roanne et que j'y étais invité puisque marchand de vin, car c'était un convoi de marchands. Je réfléchis et répondit que j'y serais (le trajet parcouru sera plus grand) et que nous allions prendre des provisions puisqu'il n'y aura aucune halte!

Jour 2 (déjeuner) : après l'ascension, arriver à Givors

Ville de Givors

Nous avions dépensés beaucoup d'énergie au Col de la Croix-Régis, aussi ce fût avec plaisir que nous nous restaurions tranquillement dans une taverne de Givors. 

Je pris soin des bêtes qui nous ont grandement aidées lors de notre passage en montagnes. Ce voyage ne doit pas être une partie de plaisir pour elles!

Un saisonnier vint nous voir (pendant que nous nous appétions à partir) avec son baluchon pour nous demander vers quelle ville nous allions. Méfiant, je voulu d'abord savoir pourquoi (les mercenaires s'étaient rapprochés avec un regard noir) et il me répondit qu'il ne voulait pas faire de mauvaise rencontre en chemin jusqu'à Tassin-la-Demi-Lune. S'il ne nous gênait pas, quelle importance? J'acceptais donc, et il m'en remercia.

Nous sommes maintenant en chemin vers Tassin-la-Demi-Lune, sur la même route qu' Ecully où nous passerons la nuit.

Jour 2 (matin) : en route pour Givors

Hier, la route fut vite reprise pour pouvoir dormir au Péage-de-Roussillon où, une fois sur place, nous avons dégotés des places dans une petite auberge fréquenté par de nombreux marchands se rendant tout comme nous aux foires de Champagne.

Nous nous sommes éveillés tôt, avons déjeuner prestement et avançons maintenant pour Givors.Pour gagner du temps, nous allons éviter le crochet que nous ferais Vienne et marchons pour les montagnes, nous y franchirons Le Col de La Croix Régis.
Une dure ascension va commencer!

Jour 1 (mi-journée) : Un repas à Tournon

Les coteaux de Crozes-Hermitage

Après avoir chargé les tonneaux, nous avons repris la route et nous sommes arrêtés dans une auberge à Tain-l'Hermitage pour y déjeuner.

Au menu : un pastez (pâté) de sanglier hypocras avec courgettes brasées ou soupe de légume et en dessert raisins et pêches tardives.

Auberge

Jour 1 (matin) : De Valence à Tournon

Château de Crussol

Nous nous sommes levés très tôt pour prendre la route au petit matin, sous l’œil de la garnison du Château de Crussol (je me demande dans quel état se retrouvera ce château, il semble éternel!).

J'arrive bientôt à Tournon pour récupérer les tonneaux que j'avais réservé  auprès de l'un de mes viticulteurs habituels (il faut dire que ce viticulteur fait remarquablement bien les Crozes-Hermitage) et en profiter pour déjeuner, car il sera une bonne heure avant la midi, et avec le temps que vont me prendre les tonneaux, il sera grand temps de déjeuner.

Mon fils, Frameric, est émerveillé de voir toujours le château, aussi loin que nous soyons. En arrivant à ma première destination (Tournon), nous pourrons encore l’apercevoir. Ce sera aussi la dernière fois dans notre voyage puisque après cette ville, notre route obliquera vers l'ouest.

Nous nous préparons pour un périple de environ 10 jours, ma femme , mon fils (et aussi apprenti), deux mercenaires (avec tous ces brigands...), et moi: Domitille , fils de Colin, et marchands de vin.

Nous partons de Valence à destination Provins pour la foire froide annuelle! 

Notre petite troupe va éviter les montagnes, puis aller vers Moulin et tracer une ligne droite. Ce trajet va être long: 184 lieues ! Pour arriver à temps pour le début de la foire (les meilleures affaires s'y passent!) nous nous lèverons quand le soleil s'éveillera, et ne ferons halte que pour dormir, manger puis nous coucher à l'approche de la nuit. Pour pouvoir emporter mon vin, je prends ma meilleure mule plus une autre (pour aller plus rapidement) pour le grand chariot, et un cheval pour le chariot où nous logerons (ma famille et moi-même).

Demain commence le grand voyage!

Ce blog est une sorte de journal intime de l'an 1 000, fait par Domitille, un marchand de vin faisant un voyage jusqu'à la Foire de Champagne (foire froide, sept/oct. "Saint-Ayoul "à Provins)

  Bonne lecture !